Un tout autre niveau : le génie au service de développeurs indépendants de jeux vidéo

placeholder-jobillico-image Publié le 22 avril 2013 Par

« Faites d’abord ce que vous aimez, et l’argent viendra tout seul. » C’est là une maxime encourageante pour tous ceux qui aiment créer, mais l’expérience de Shaw-han Liem montre aussi que la maxime dit vrai. Évidemment, dans son cas, le travail de création portait sur un produit très « cool » lancé sur un marché valant des milliards de dollars.

Monsieur Liem et son associé, Jonathan Mak, sont les deux créateurs du jeu vidéo Sound Shapes, conçu pour les consoles de jeux Sony et Sony Vita. L’originalité du produit?

La musique. En effet, le but du jeu est bien sûr de franchir différents niveaux et différents mondes, comme dans n’importe quel autre jeu du genre, mais Sound Shapes a cela de particulier : plus on évolue dans le jeu, plus la bande sonore rythmique prend forme. Les joueurs peuvent même concevoir leurs propres niveaux et les mettre en ligne. Dur à expliquer – le démo du jeu, que vous trouverez sur soundshapesgame.com, vous y aidera.

Emplois dans l’industrie des jeux vidéo

Sound Shapes a été très bien coté lors de manifestations d’envergure organisées par l’industrie, par exemple E3, une foire commerciale mondiale qui a lieu chaque année à Los Angeles. Sound Shapes a également reçu de très bonnes critiques depuis sa sortie estivale, en 2012. Mais la plus grande satisfaction, raconte M. Liem, est de voir l’engouement que le jeu suscite : « Dès les premiers mois du lancement, nos utilisateurs avaient déjà créé plus de 10 000 niveaux et chansons, et les ont partagés avec le reste de la communauté virtuelle des utilisateurs sur notre site. Pour nous, ça, c’est un immense succès! »

Mais avant de récolter ces récompenses, M. Liem, un créateur de musique électronique ayant plusieurs albums à son actif, dont I Am Robot and Proud, et M. Mak, un concepteur de jeux vidéo qui s’était déjà associé à Sony pour sortir son premier titre, Everyday Shooter, ont parcouru un long chemin dont le point de départ remonte à 2007, à Toronto.

« On travaillait les nuits et les fins de semaine, pour donner vie à des idées et tester des prototypes, explique M. Liem. Nous avons déposé une demande de subvention pour la production auprès de la Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario, et nous l’avons obtenue. J’ai ainsi pu quitter mon emploi et travailler avec Jonathan à temps plein sur le projet. À ce moment-là, Sound Shapes n’existait pas encore – l’idée nous est venue un an plus tard. »

Cette situation précaire – M. Liem explique que la subvention couvrait à peine les frais de subsistance de base, et qu’ils ont mangé beaucoup de Poulet frit Kentucky et de mets chinois – est ce qui distingue les concepteurs indépendants (« indie ») de jeux vidéo de grandes sociétés comme celles qui ont créé Call of Duty et Madden NFL, et qui emploient des milliers de personnes. Leurs produits rapportent davantage que les plus gros succès d’Hollywood. Les concepteurs « indie », eux, travaillent généralement seuls à concrétiser leur vision, ou au sein de petites équipes, puis ils concluent des ententes avec de grosses compagnies pour distribuer leur jeu à grande échelle.

Lorsque M. Liem et M. Mak ont réussi à vendre Sound Shapes à Sony, lors du congrès des concepteurs de jeux vidéo tenu en 2009, à San Francisco, le projet est passé de la planche à dessin à l’étape du développement – et les deux associés sont devenus des hommes d’affaires. « Techniquement, j’étais le premier employé de Queasy Games [la société que M. Mak avait déjà créée] dans le cadre de ce projet, explique M. Liem. Toutefois, Jon et moi avons procédé ensemble au recrutement d’autres employés, et nous administrons le studio ensemble. »

Une fois le marché conclu avec Sony, il fallait assumer de nouvelles responsabilités. « Ce sont mes compétences en musique qui m’ont d’abord amené à faire ce projet, poursuit M. Liem. Mais au fil du temps, Jon et moi avons appris les ficelles du métier et maintenant, nous faisons rouler la boîte ensemble. Je m’occupe donc aussi de prendre des rendez-vous, de gérer des projets, de rencontrer des éditeurs, des agents d’artistes et des programmeurs. »

Plus Sound Shapes remportait de succès, plus il était crucial d’embaucher des gens. « Au cours de la dernière année, tout s’est accéléré. Nous avions une équipe de trois personnes à E3, en 2011. Par la suite, les gens ont réagi avec un tel engouement que nous avons fonctionné à plein régime et nous avons ajouté du contenu et de nouvelles fonctions au jeu. Au point culminant de nos activités, 15 personnes travaillaient sur le projet », précise M. Liem.
Outre le soutien de Sony, pour ce qui est de l’aide technique et des encouragements, M. Liem et Queasy comptent sur la communauté des concepteurs de jeux indépendants de Toronto, qui est « tricotée serré ». « Nous sommes une petite entreprise qui travaille au sein d’une communauté de compagnies ayant les mêmes intérêts… Par exemple, Capy Games est dans le même édifice que nous, et nous sommes bons amis. »

En 2012, Capy a remporté beaucoup de succès avec la sortie de son jeu Sword and Sworcery, également axé sur la musique, ce qui donne lieu à une concurrence amicale entre les deux compagnies, comme l’admet M. Liem. « Dans d’autres industries, on espère que nos concurrents vont échouer, mais dans le monde des concepteurs de jeux « indie », du moins à Toronto, c’est plutôt le contraire, précise-t-il. Nous sommes tous amis et sortons ensemble après le travail, et nous échangeons avis et expertise. »

Pour l’instant, M. Liem et Queasy travaillent au soutien de Sound Shapes, tout en préparant l’avenir : « On s’occupe de régler les problèmes qui peuvent surgir, mais aussi de trouver de nouvelles idées pour mettre au point un jeu qu’il suffira de télécharger pour y jouer. »

« Le meilleur conseil que je puisse donner est assez simple : créez des jeux, lance M. Liem à ceux qui aimeraient se lancer dans l’industrie des jeux vidéo. Passez tout votre temps à inventer des jeux, à apprendre le plus de choses possible, et à mettre à exécution vos idées les plus folles. Si vous désirez grossir les rangs d’une entreprise, cela vous rendra plus attrayant aux yeux des éventuels employeurs; si vous désirez travailler à votre compte, c’est ainsi que vous pourrez créer quelque chose de vraiment novateur et intéressant. Quelle que soit la formule que vous choisirez, vous vous amuserez beaucoup en chemin. »

Par Simon Osborne
Simon Osborne et le directeur de la rédaction d’Options Carrières.

Pour plus de renseignements, veuillez consulter : soundshapesgame.com, theesa.ca, magazineoptionscarrieres.com

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