La reconnaissance au travail: donner et recevoir sans retour!

Publié le 12 mars 2015 Par

C’était un mardi de la fin du mois de mars ou au début d’avril, peu importe. Sur mon bureau, des petits cocos en chocolat emballés en mauve et jaune. Une belle petite pensée du lapin, me dis-je en souriant. Un beau rayon de soleil pour une autre journée qui s’amorce. Je me questionne furtivement sur la provenance des cocos, mais sans plus. J’ai du boulot qui m’attend. Lorsqu’on saura qui est le lapin, on le remerciera. Dans un bureau voisin, j’entends une collègue sortir le long du corridor en demandant de sa voix la plus forte : « Qui a eu cette bonne idée de nous donner des cocos ? Qui ? Qui ? » On ne tardera pas à savoir…

Reconnaissance du travail

Scène commune et inoffensive, me direz-vous ? Chaque année vient avec son lot de fêtes commerciales et traditionnelles : Pâques, St-Valentin, la semaine des secrétaires, etc. Autant d’occasions qui deviennent à la fois prétextes de reconnaissance formelle et informelle allant de la toute petite attention jusqu’à la récompense substantielle. On profite de ces occasions pour se reconnaître entre nous ou pour reconnaître la contribution des personnes dans l’organisation. Du coup, on développe un sentiment d’appartenance, on crée une ambiance, les liens se resserrent. Entre collègues, on profite de ces moments pour offrir des petits bonheurs et pour donner à ceux qui partagent notre quotidien. Comme c’est plaisant de donner!

Recevoir sans engagement

On se souvient que la reconnaissance se caractérise entre autres par sa gratuité, c’est-à-dire l’action libre d’intérêt, sans attendre le retour du balancier. Certes, il peut y avoir un prix d’acquisition pour celui qui donne le petit quelque chose, mais le don sera « gratuit » pour celui ou celle qui reçoit, dans la mesure où il n’aura rien à rendre en contrepartie. C’est le plaisir d’offrir, de donner sans rien attendre en retour qui est la base de la gratuité du geste.

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Malheureusement, il est fréquent que des gens soient mal à l’aise de recevoir petits cocos et autres attentions, petites comme plus grosses. Ils ne croient pas qu’on puisse donner sans rien attendre en échange. Comme ma collègue, par exemple. Avant de voir la petite attention qui lui est faite, elle y voit une obligation de rendre ou donner à son tour, ce qui peut ternir son plaisir de recevoir.

De quoi ai-je l’air si je ne donne pas de cocos ?

Comme plusieurs, elle se dépêche d’aller en acheter pour les distribuer à son tour. Cela peut expliquer les fréquentes tournées de cocos de toutes provenances tout au long d’une journée ! Les expressions de générosité expressément calculées existent, mais ce n’est pas toujours le cas. Il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier ! 🙂

Des cadeaux sans arrière-pensée

Les petites attentions faites entre collègues ou à tous sans distinction expriment sans doute des amitiés sincères, des traditions, des coutumes propres à l’entreprise, etc. Devons-nous toujours y voir des dons calculés ? Dans certains milieux où ce type de don est inhabituel, celui-ci peut en effet être perçu comme calculé, tandis qu’ailleurs, il est si courant qu’on ne cherche même pas qui ou ce qui pourrait bien se cacher derrière l’intention. Il arrive aussi que des conflits entre personnes viennent brouiller les cartes et bousculer des habitudes pourtant bien ancrées. Le lapin aura peur d’être mal perçu, ou encore, n’aura tout simplement pas le goût de donner à un tel ou à une telle. Dans ce cas, l’absence de cocos portera une tout autre signification …

Ailleurs, l’atteinte des objectifs ou le passage de certaines étapes bien ciblées dans la vie professionnelle sont des moments planifiés de reconnaissance et justifient les petites pensées ou les grandes occasions (années de services, étapes professionnelles, etc.). Sans attente de réciprocité, à des moments bien précis, de petits et plus gros cadeaux sont offerts. Plus loin de sens du don des petits cocos, ce type de cadeaux est attendu, bien qu’il perde l’effet de surprise et de spontanéité. L’employeur prendra alors soin de s’assurer que ces dons sont équitables et justifiés afin d’éviter les mauvaises interprétations, tout en prenant bien soin de n’oublier personne.

Cadeaux aux patrons: Attention!

Le don d’un employé à son patron est plutôt inhabituel. Les petits cocos passent bien, mais les plus gros cadeaux seront perçus différemment selon les situations. Bien que possible et mieux accepté dans certains milieux plutôt que d’autres, on préfèrera le don de groupe au don personnel, et ce, afin d’éviter la perception de quête de privilèges futurs.

Enfin, le remerciement fait aussi partie de la boucle du don. Il ne faut pas l’oublier. Lorsqu’on en connaît la provenance, par courtoisie, le remerciement est de mise. C’est aussi une réponse attendue par celui ou celle qui donne. Il fait plaisir de savoir que l’attention et l’intention ont été appréciées. Le remerciement sincère est toujours le bienvenu.

Dans tous les cas, il est normal de tenter de cerner l’intérêt des gens derrière un don ou l’intention de donner. On prend même plaisir à tenter d’identifier qui est le lapin qui distribue les cocos. Ce qui est moins souhaitable, c’est de masquer le plaisir de recevoir ou même de refuser les dons parce qu’on soupçonne qu’il y a des intérêts malveillants à son égard. À force de suspecter l’intérêt caché des généreux donateurs, on risque de perdre de vue le sens et le plaisir de donner. Des discussions de corridor peuvent voler la vedette à l’intention bien noble derrière le geste. Il faut garder à l’esprit que le don sans attente en retour existe bel et bien. On doit prendre plaisir à faire plaisir, sans quoi le geste perd tout son sens.

Faites confiance et recevez ! Soyez ouvert. Accueillez ce plaisir sans craindre d’être obligé de redonner en échange. C’est possible ! Et c’est tellement plaisant. Il faut seulement prendre conscience de ses propres réactions et raisonner sa petite voix intérieure.

Aux prochains chocolats sur votre bureau, dégustez-les sans arrière-goût, sans arrière-pensées !

* Bien que les situations évoquées soient tirées de la réalité, elles ont été modifiées et adaptées aux fins du texte. Toute ressemblance n’est que pur hasard. Une autre preuve que ça peut arriver à tout le monde.

* * Je préfère le chocolat noir

Bibliographie

Godbout, J.T. (2007) Ce qui circule entre nous : donner, recevoir, rendre, Paris, Éditions du Seuil.
Mauss M. (2007), Essai sur le don, Paris, Presses universitaires de France.

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